Il y a une théorie voulant que si le chihuahua jappe si souvent, c’est parce qu’il est minuscule et que c’est sa manière de s’imposer.
C’est un syndrome qu’on retrouve aussi chez quelques personnes. Parfois parce qu’elles sont effectivement petites physiquement, mais plus souvent parce qu’elles sont terriblement insécures. Quelque part, une partie d’eux-mêmes se sent petite.
Par exemple, l’autre jour, cet ami qui commente en partageant un article sur un quelconque faux-scandale : «En tout cas, moi, je lui mettrais mon pied au cul!» à propos de la vedette ou je ne sais plus trop quelle personnalité qui a fait une connerie.
J’ai trouvé ça drôle parce que je connais assez bien cette personne pour savoir qu’elle n’aurait jamais le guts de faire ça. En fait, j’ai vu plus souvent cette personne se défiler que se tenir debout. Alors aller botter le cul de quelqu’un, j’ai un peu de misère à l’imaginer faire ça, même si la violence a peu à avoir avec la notion de se tenir debout. Reste que je trouve ça complètement improbable et j’ai eu cette image du chihuahua qui jappe fort pour rien.
Bien avant Internet et les réseaux sociaux, je pense qu’on avait toutes et tous dans notre cercle quelqu’un qui jappait fort, quelqu’un de la famille, dans nos ami.e.s ou parmi les collègues de travail. Maintenant, on en connait souvent plusieurs. On ne se doutait pas à quel point tant de gens se retenaient de japper.
Avec Facebook, c’est comme si les chihuahuas intérieurs se laissaient aller. Comme si ces personnes ont envie de japper en personne, mais n’osent pas, gênées ou intimidées, par les autres ou la norme sociale. Mais derrière leur écran, l’inhibition part!
Je vous apprends rien, ça fait des années qu’on parle de cyberintimidation, entre autres.
Je m’intéresse toutefois à la banalisation de cette violence ordinaire (et inutile, évidemment). Sérieusement, peut-on vraiment juste lâcher un gros LOL après que quelqu’un propose de botter le derrière de quelqu’un? Veut-on vraiment régler les problèmes avec des claques et des coups de pieds?
Est-ce que tant de gens souhaitent botter des fesses chaque fois qu’ils sont témoins d’un comportement de marde?
Ces personnes pensent vraiment qu’elles, elles ne font jamais rien de croche, de louche, de pénible, d’imbécile? Est-ce que ces personnes aimeraient recevoir des coups aux fesses chaque fois qu’elles ont un comportement de marde?
Ironiquement, j’ai l’impression que ceux et celles que je connais qui lâchent le plus ce genre de calls sont ceux et celles qui en auraient le plus souvent.
Vous direz peut-être que c’est une façon de parler, une manière d’exprimer une indignation. Peut-être, mais à force de parler ainsi, ça devient banal, et si ça devient banal, alors on jappera plus fort pour avoir le même effet. À partir de quand on parlera d’étriper au lieu de botter le derrière?
Ah non, cette limite a déjà été franchie!
C’est encore arrivé récemment avec Jeff Fillion sur les ondes de CHOI. Infoman a partagé un extrait où Jeff Fillion dit ceci à propos des manifestant.e.s au prochain G7: « Une des choses qu’on pourra dire, on vous donne la chance de manifester pacifiquement, la minute que quelqu’un fait du grabuge, il y a une balle entre les deux yeux. Il n’y en aura pas de grabuge. »
De tels propos me semblent beaucoup plus violent que péter une vitrine d’un magasin. Je ne comprends même pas comment on peut comparer la vie de quelqu’un et du bris de matériel.
Il aura beau avoir ajouter qu’il exagérait après. Quand c’est rendu que pour exagérer, tu parles de tuer quelqu’un pour si peu, on peut se demander à quel point ton ordinaire est violent. Pour note, la version moins exagérée est de « seulement » frotter la face des gens sur l’asphalte. C’est comme ça qu’on montre de la poigne, selon Jeff Fillion. Syndrome du chihuahua déguisé en virilité.
Ça, c’est un chihuahua qui jappe fort, mais devant un micro, à des milliers de personnes. Ça, c’est une terrible violence banalisée. Une dangereuse banalisation. Cette violence entendue sur les ondes de la radio de Québec était d’ailleurs le sujet de ma première chronique dans le Voir, il y a plus de deux ans. J’en ai ensuite reparlé ici, après l’attentat de Québec, et ici, sur la violence de certaines chroniques.
Cette violence banalisée, elle n’est pas que sur les manifestant.e.s, ou ceux et celles qui font du grabuge, je la vois à propos des immigrant.e.s, je la vois quand on parle des pauvres, quand on parle des femmes, quand on parle du 1%, des écolos, des homosexuels, des personnes trans, du monde qu’on trouve bizarre, quand on parle de gens qui ne pensent pas comme nous.
Que pouvons-nous vraiment régler en mettant des balles entre les yeux? En bottant les fesses? En violant les gens? En agressant le monde?
Je pense beaucoup à la violence que j’ai lue sur les forums où les Incels se crinquent entre eux. Je repense aussi à ces moments où j’entends quelqu’un autour de moi lâchez un truc beaucoup trop violent pour rien, où une souffrance vient nourrir une haine exagérée envers quelqu’un ou un groupe en particulier.
Je ne sais pas comment réagir devant la violence. Surtout lorsqu’elle est verbale. Je refuse toujours d’embarquer dans ce cercle vicieux, mais ce n’est pas évident de couper l’agressivité en disant « chill ». J’attends souvent que le ton baisse et que le dialogue soit à nouveau possible, mais est-ce suffisant?
Je ne crois pas que la solution soit de japper plus fort que le chihuahua, mais des fois, c’est long avant qu’il arrête de japper, et il a le temps d’en exciter d’autres qui japperont à leur tour.
C’est en bonne partie sur ça que repose la montée des mouvements d’extrême-droite. Japper fort. On ne propose aucune solution, mais on jappe fort. On ne jappe pas pour aider les autres, mais pour se défendre contre nos peurs – ou devrais-je dire d’attaquer nos peurs?
Il faut trouver une manière de calmer le chihuahua, de ne plus lui faire peur. Ça ne sert à rien de traiter les Incels de cave ou d’imbéciles. Ils vont juste continuer à croire qu’ils ont raison de crier et de menacer.
Pas juste les célibataires involontaires ou les masculinistes, mais les racistes aussi, les homophobes, les personnes qui voudraient tuer leur ex, les personnes qui aimeraient péter la gueule de leur patron ou toutes ces personnes qui rêvent de vengeance.
Ça ne sert à rien de traiter Jeff Fillion de cave. Il faut que les gens refusent ce discours, que la radio n’ait plus de raisons de le garder en ondes – vu que le CRTC a depuis un moment abandonné son rôle de surveillance des ondes.
Mais on ne peut pas juste chicaner ou punir tous ces chichuahuas qui jappent. Faut trouver une manière de les rassurer et que leur peur parte. Leur redonner confiance en l’autre, en eux, en la vie.
Si Jeff Fillion n’existait pas, il faudrait l’inventer. Juste pour se rappeler ce qu’est la connerie radiophonique. maximale
Jeff Fillion… chaque village a son idiot.
J’écoute choi chaque jour et ils ne banalise pas la violence. Dans cette émission, il parlait de balle de gros sel. Et tout en imaginant des scénarios plus rocambolesques les uns des autres. Vous faites preuve de mauvaise foi en sortant une phrase de son contexte et prétendre à des menaces de mort tant qu’à y être!
Hors de son contexte? C’est pourtant bien dit, sans mention de « gros sel », dans un extrait de 50 secondes. https://www.facebook.com/infomantv/videos/1643871819000087/
La station a enlevé ce segment sur leur site, ce n’est sûrement pas pour rien. Si le contexte était si bon, l’extrait serait encore là.
J’écoute juste un peu de cette radio presque chaque nuit pendant mes périodes d’insomnie. Non seulement Fillion est un débile de la pire espèce mais oui, il est violent et encourage la violence. Cet extrait, je l’ai entendu en rediffusion. Et non, il n’y parle pas de gros sel. Il finit par dire qu’il a peut-être exagéré … mais le comble, c’est qu’il ne se rend pas compte qu’il dénonce la violence des black blocks avec une violence équivalente. Et c’est volontairement que j,ai commencé ce commentaire de façon plutôt violente (selon mes critères): pour vous démontrer qu’il y a bel et bien banalisation de la violence. Vraiment pas le genre de monde dans lequel je veux vivre.
C’Est vrai qu’avec des balles de gros sel, c’est pas mal plus doux (sic intergalactique)
Vous voulez rire? Jeff Fillion a déjà dit que les automobilistes devraient frapper les cyclistes, qui ne devraient pas avoir le droit d’occuper la route comme eux. Il ne banalise pas la violence? Ne pas oublier aussi qu’il a été reconnu coupable d’intimidation envers une femme par ses propos violents et misogynes. Et combien d’autres niaiseries et appels à la violence de la sorte?
Mais Micheline Lanctôt qui parlait de tirer Trump, ça c’était correct right?… 🙂
Si vous avez bien lu mon texte, vous sauriez déjà que je ne trouve pas ça mieux, non.
Pour paraphraser Anton Tchekhov, un auteur que ne doit pas lire le hooligan de radio 1000-collines, le manque d’empathie est une paralysie de l’âme, une mort prématurée. On peut mourir à 20 ans et être enterré à 80. Ça semble s’être produit avec les X et autres White Angry Men trumpiens qui se trouvent le goût soudain de chialer alors qu’ils sont fondamentalement des rassis, des ego surdimensionnés, bref des larbins. Je veux bien ne pas lancer des insultes. Par contre, une saine indignation est nécessaire pour dénoncer, entre autres, les annonceurs qui font vivre ces radios de marde colportant la haine.
Excellente analyse ! J’abonde dans le même sens, et moi qui déteste Jeff Fillion, je te remercie de m’offrir cette perspective beaucoup plus constructive du problème…
Je dois avouer que j’ai eu maille à partir en ondes, un jour que je ne n’oublierai jamais, soit le matin même où je découvrais son existence par hasard, le cadran-réveil de ma radio syntonisé sur les ondes de Radio X…
Il avait organisé un concours en ce Vendredi Saint : « Une paire de boules gratis ! » (augmentation mammaire) et j’étais consternée, j’en croyais pas mes oreilles, d’autant plus que personne n’osait – ou ne parvenait à – l’affronter ?!
Remarque que je les comprends : il est maître chez lui, a le contrôle, on joue sur son terrain, il a le beau rôle, c’est facile pour lui. En tout cas, moi je me suis pas gênée : je me suis sentie le devoir de me sacrifier pour la cause même si ça me tentait pas du tout, autrement personne le faisait ??! Me suis jetée dans la fosse, et il a tellement apprécié ma répartie et mes insultes (excellent pour ses cotes d’écoute ; j’entrais dans son jeu de la provocation en le « blastant » solide, lui rendant finalement service, hélas, mais bon, au moins je me suis défoulée pour la peine) qu’il m’a gardée en ondes une demi-heure je crois, dépassant 20 min sur le temps d’antenne de l’animatrice suivante… Ouf !
Je me suis rendue à la manif qui a eu lieu ensuite devant la station – reliée à cette affaire de concours complètement dégradant – ; j’en conserve des photos, jamais publiées nulle part, et de « bons souvenirs » lorsque j’ai accompagné un moment la « gang » qui a fait un « sitting » dans le hall de CHOI.
Il a finalement invité deux ou trois jeunes femmes à venir s’exprimer en ondes, ce matin-là… Hélas, elles ont eu du mal à s’imposer et à le confronter, encore une fois : il était dans son élément, gardait le contrôle, et les intimidait, leur coupait la parole, dénigrait leurs propos constamment, leur rappelant qu’il leur offrait un « privilège » et que c’était lui l’hôte, « le king », qui leur faisait une faveur… Ils les a malmenées. 🙁
À l’époque, j’étais chroniqueuse pour un petit journal et j’avais écrit une critique corrosive de cette « radio poubelle » de Québec que je venais de découvrir (je connaissais les « vieux » à la Arthur et Cie., que je n’écoutais pas, mais pas cette nouvelle vague qui prenait de l’ampleur avec Radio X ; on était alors dans les environs de 1996, 1997… Était-ce dans ses débuts, je présume que oui ??) mais l’avocate de ce mensuel m’avait exhortée (plutôt « obligée ») à m’autocensurer, à édulcorer ma critique de Fillion et son collaborateur de l’époque, par crainte de représailles pour diffamation (?!).
Je regretterai toujours d’avoir cédé à ses pressions : j’aurais dû le publier tel quel… Le texte qui en a résulté était trop fade à mon goût.
Bref, ça m’a tellement dégoûtée, toute cette histoire, que j’ai décidé de mettre en pratique mon désir de m’exiler à Montréal, ne serait-ce que pour ne plus « jamais » tomber à nouveau par hasard sur lui en ondes, et fuir cette radio de merde qui fait la honte de la capitale, qui me fait honte, carrément…
Fillion est donc, désormais, pour moi aussi, et merci encore pour l’idée, « le chihuahua » de service qui jappe fort et tout le temps parce qu’il a peur et se sent tout petit en dedans (et l’est sans nul doute, derrière son pervers personnage : je suis persuadée, pour le peu que j’en sais, que c’est un homme plutôt – voire carrément « soumis » (?!) qui ne parlerait jamais en mal de sa femme, par ex.).
Cette hypothèse tient parfaitement la route, et pas besoin d’avoir un bac en psycho ou en comportement canin pour lui donner du crédit. très bon texte, bravo.
Merci!
Lorsque j’ai voulu écrire sur la radio de Québec, il y a plus de deux ans, j’ai pu avoir des témoignages, mais presque personne ne voulait le faire publiquement. Ça en dit long sur l’intimidation qui peut se faire, ou la lourdeur des propos qui peuvent être tenus en ondes.
Je me souviens très bien de ce concours et de la grogne que ça avait suscité. Un truc qui lui a permis d’imposer sa marque. Je ne sais pas si ça pouvait vraiment être bloqué à cette époque, l’engouement pour ce genre de radio, si on regarde ce qui s’est passé avec la manif «Liberté» quand le CRTC a voulu suspendre le permis de la station.
Radio X fête maintenant ses 20 ans, bâti en bonne partie autour de ce que Fillion faisait le matin à l’époque – et recopié depuis dans les autres stations à Québec. Donc, Fillion est arrivé un peu avant la marque «Radio X«, donc ça se peut, 1996-1997.
Micheline Lanctôt sur Donald Trump avant son élection: «On le souhaite. Je ne sais pas, peut-être que quelqu’un va le flinguer avant.»
Ça visait directement un individu, et quelqu’un qui allait plus tard être élu démocratiquement.
Où était l’indignation à ce moment là?
Je sais pas pourquoi vous êtes deux à revenir sur Micheline Lanctôt en particulier, mais des propos qui sont passés dans le beurre, il y en a malheureusement beaucoup. Refuser de s’indigner pour un propos parce que un autre est passé dans le beurre avant est assez contre-productif.
La bande d’ignares qui commente sur Fillion n’a jamais écouté 10 minutes de son show, prendre un excerpt de 40 secs. sur une émission de 4 heures c’est vraiment solide, nos bons gauchistes ont pas de problème a ce qu’une bande d’anarchistes détruise des propriétés privées, coupent des cheveaux a l’exacto, lancent des boules de billiard a la police, volent des magasins après avoir cassé la vitrine. J’inviterais le gros gauchistes qui a pondu ce chiuahua d’aller confronter Fillion a son émission , je suis sur que les coquilles vont lui rapetisser assez vite gros comme in ti yorkie. en passant, Jeff est pas grand mais assez bien planté.
Désolée, mais j’écoute cette radio régulièrement et je peux assurer que les propos tenus sont sexistes, dégradants et violents. Raccourcis intellectuels et fausses analyses sont la trame de cette radio. Autre chose: Fillon applique des principes pour les autres, qu’il n’applique pas pour lui…(2 poids, 2 mesures) c’est flagrant!
Je n’ai jamais compris comment ses auditeurs font pour ne pas voir ce manque de cohérence flagrant dans le discours de Filion. Ça explique d’ailleurs pourquoi il écoutent cette radio (manque de sens analytique).
Des beaux raccourcis, sophismes et fake neux tout ce texte monsieur Bergeron. Vous n avez rien a craindre de Jeff Fillion il est assez pro liberte pour ne pas agresser qui que ce soit.. mefiez-vous toutefois des moutons enrages que sont les manifestants typiques du G7. Donnez-leur suffisament de pouvoir et vous finirez dans un four.